mardi 11 décembre 2018

Salauds d’auteurs pauvres !

Bonjour à toutes et à tous,
Ce n’est un secret pour personne : les auteurs sont de plus en plus pauvres. En vérité... le niveau de vie de tous les pauvres diminue. Je vous invite à lire cet excellent article sur le site de La Tribune.
Beaucoup de petits libraires sont également en train de mourir. Tués non pas toujours par la concurrence du net mais également par les impôts divers et les loyers exorbitants des centres villes.
Les auteurs, tout comme les ouvriers, employés et autres « prolétaires », sont souvent considérés comme la « variable d’ajustement ».
Force est de constater que la « variable d’ajustement » a décidé de changer les règles.
Je ne cautionne pas la violence que l'on peut voir au sein du mouvement des gilets jaunes (violence qui est la plupart du temps le fait de personnes n’ayant rien à voir avec ce mouvement) mais je comprends et partage totalement leur colère et leur désespoir.
Pour détourner la citation d’Edmund Burke : « La seule chose qui permet à l’injustice de triompher est l’inaction des hommes épris de Justice. »

Il existe beaucoup de maisons d’édition sérieuses, qui font très bien leur travail. Qui se battent pour leurs auteurs, investissent sans compter temps et argent pour la création des maquettes, les corrections et la promotion. Passant des dizaines d’heures dans les salons pour ne parfois vendre que quelques exemplaires. Des professionnels droits et honnêtes.
Il ne faut pas oublier qu’un auteur indépendant coiffe la casquette d’un éditeur. Et c’est un énorme travail. Si on veut bien le faire. Donc, réfléchissez bien avant de vous lancer. Si vous n’avez ni le temps ni les capacités de le faire, proposez votre projet à une maison d’édition.
Mais il existe malheureusement aussi chez les éditeurs des margoulins qui profitent de l’inexpérience, de la naïveté et parfois de l’égo de certains auteurs (qui sont prêts à tout accepter pour être publiés). Ces éditeurs ne payent pas ou peu les auteurs.
Quelques « joyeusetés » relevées ou vécues au cours de ma carrière :
Des éditeurs qui culpabilisent leurs auteurs quand ceux-ci osent demander des comptes. « Si on vous paye, on met notre maison d’édition en péril. Pensez à vos collègues ! »
Relevés de compte absents ou incomplets.
Des clauses de contrat mesquines ou abusives.
Des magouilles sournoises pour vous virer d’un projet. Ou le filer à une équipe maison.
Une condescendance, voire un mépris affiché pour les auteurs. Surtout quand ils ont un (très joli) accent du sud comme votre serviteur.
Des mecs qui viennent vous faire la morale quand vous n’acceptez pas leurs exigences. J’avais catégoriquement refusé de faire 400 bornes aller-retour et de payer une nuit d’hôtel pour assister à un salon du livre (le tout non remboursé, bien entendu). La dirco (directrice de collection), choquée, m’avait lancé : « Mais M. Saimbert, vous ne voulez donc pas vous investir dans la promotion ?! »
Ce à quoi j’avais répondu : « Quand vous me paierez tous les frais. Le temps de l’esclavage est révolu. »
Je suis très gentil mais quand on m’agresse, je monte vite dans les tours. Bref, cela avait fini en noms d’oiseaux. Je ne les citerai pas ici car ils ne sont pas de nature à enrichir le débat.
Ceci dit, quand on y pense, voilà maintenant que les auteurs veulent vivre de leur plume.
Non mais je vous le demande… où va-t-on ? Quelle honte !
Salauds de pauvres…*

Je terminerai en vous conseillant de vous syndiquer.
Le Snac m’a aidé à de très nombreuses reprises.

Bien à vous
Philippe Saimbert
* réplique culte de Jean Gabin dans le film La traversée de Paris.

 Illustration de Claude Davancens

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